Romans

Deux fleurs en hiver

  • Titre : Deux fleurs en hiver
  • Auteure : Delphine Pessin

C’est l’histoire de deux « fleurs » :

L’une, Capucine, a décidé d’effectuer son stage dans un Ehpad. Elle change de couleur de perruque en fonction de son humeur et au fil des découvertes du métier d’aide-soignante. Violette, quant à elle, est une nouvelle résidente, carrément amère de laisser derrière elle sa maison et son chat adoré pour finir sa vie dans ce « mouroir ».

Chacune a une blessure, chacune a un secret. La rencontre entre ces deux fleurs abîmées par la vie pourrait bien bousculer leurs cœurs en hibernation…

Mon avis :

Deux fleurs en hiver m’a chaudement été recommandé par une collègue, alors même si j’avais un peu peur de fondre en larmes en le lisant, je me suis lancée dans l’aventure. Et quelle jolie surprise! J’ai eu les yeux mouillés plus d’une fois c’est vrai, mais heureusement, j’ai aussi souri et cela ça fait du bien.

Souvent quand on parle d’EHPAD, une horrible image de mouroir s’impose. Celle d’un lieu où on abandonne nos personnes âgées, lorsqu’elles sont trop encombrantes, aux bons soins de personnes qui n’ont souvent ni le temps, ni l’envie de s’en occuper vraiment. Pourtant, tous les EHPAD ne sont pas comme cela bien évidemment, mais il suffit d’une mauvaise expérience pour gâcher une image. Delphine Pessin s’attache ici à redonner des couleurs et de la perspective à ces lieux, notamment en mettant en scène les dérives de l’ultracapitalisme qui broie un système et détruit de nombreuses vocations. Comment en vouloir aux soignants qui, épuisés mentalement construisent des murs entre eux les résidents pour ne pas être brisés par leurs décès, qui, épuisés physiquement ne peuvent que donner les soins les plus nécessaires par manque de temps? Comment en vouloir à ses « vieux » de devenir aigri devant un système qui les rejettent totalement? Pourtant, des deux côtés, il y a ceux qui se battent pour continuer et pour redonner à ces lieux une humanité qui se perd. Les EHPAD se sont aussi des lieux où des personnes qui étaient seules et isolées retrouvent gôut à la vie, à l’amitié, aux rires et aux jeux.

Et pour donner plus de lumière et de poids à ce récit, l’amitié de Capucine et de Violette arrive comme un rayon de soleil. Il n’est ici question d’aucune sagesse supérieure ou de dynamisme forcé. Leur amitié comble les failles de l’autre, leur donne la force d’affronter les obstacles et la vie tout simplement. Dans cet instant charnière de leur vie, elles vont se tenir la main, sans se juger pour s’aider mutuellement à ouvrir des portes et à en fermer d’autres. Cette amitié m’a vraiment touchée par sa justesse et sa douceur.

Un roman sur l’acceptation de soi, de l’autre, du temps qui passe et des cicatrices qu’il laisse.

Mon ressenti : 4,5/5

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