Romans

Les exilés meurent aussi d’amour

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Merci aux éditions Grasset et à Netgalley pour leur confiance.

Titre : Les exilés meurent aussi d’amour

Auteure : Abnousse Shalmani

La quatrième de couverture :

« Ma mère était une créature féerique qui possédait le don de rendre beau le laid. Par la grâce de la langue française, je l’avais métamorphosée en alchimiste. C’était à ça que servaient les mots dans l’exil : combattre le réel et sauver ce qui restait de l’enchantement de l’enfance. »
Shirin a neuf ans quand elle s’installe à Paris avec ses parents, au lendemain de la révolution islamique en Iran, pour y retrouver sa famille maternelle. Dans cette tribu de réfugiés communistes, le quotidien n’a plus grand-chose à voir avec les fastes de Téhéran. […]
Ce premier roman teinté de réalisme magique nous plonge au cœur d’une communauté fantasque, sous l’œil drôle, tendre, insolent et cocasse d’une Zazie persane qui, au lieu de céder aux passions nostalgiques, préfère suivre la voie que son désir lui dicte. L’exil oserait-il être heureux ?

Mon avis :

J’ai remarqué ce roman dans la revue Pages des Libraires. Il me faisait vraiment de l’œil et c’est donc avec beaucoup de joie que j’ai vu que les éditions Grasset acceptaient de me permettre de le lire en service presse.

Dans ce roman, le lecteur suit les réflexions de Shirin à partir de son arrivée en France comme réfugiée politique iranienne au début des années 80. Dans la première partie du récit, la petite fille de 9 ans exerce son regard acéré et sa fine compréhension de l’âme humaine sur sa famille. Une famille pour le moins dysfonctionnelle où les petits secrets en cachent des abominables. Entre révolte et amusement, le récit délivre une vision colorée et ouverte du monde, où la petite fille observe et apprend, usant de son imaginaire florissant pour rendre beau un environnement pour le moins sombre. Puis, petit à petit les défauts qui prêtaient à sourire se dévoilent sous un autre angle, plus adulte cette fois, et le lecteur ne sourit plus du tout, car le récit est ainsi construit qu’on ne peut réellement comprendre tous les tenants et aboutissants qu’au moment où Shirin le fait.

De révoltes en catastrophes, le récit dévoile donc une jeune femme qui se cherche, entre deux cultures, deux pays, deux désirs qui peuvent sembler contradictoires, mais pour lesquels elle tente de toutes ses forces de bâtir des ponts. Une héroïne implacable et pourtant fragile qui cherche la force d’affirmer ses convictions et ses désirs face à une famille qui ne sait faire cohésion que dans l’affrontement d’autrui. Mais une héroïne au propos mordant qui tapent dans le mille, qui font sourire, qui désabusent ; une battante dont on ne lâche la main qu’à regret, un goût amer de révolte dans la bouche, car ce n’est qu’à la fin que le titre du roman prend toute sa signification.

Ces 400 pages, je ne les ai vraiment pas vues défiler. L’écriture de Abnousse Shalmani est à la fois subtile et crue, subtile, car il faut du temps pour comprendre de quoi il retourne, crue, car Shirin parle sans fards des choses de la vie, les plus belles comme les plus hideuses, elle pousse le lecteur dans ses retranchements, lui jette la vérité crue au visage sans lui laisser la possibilité de détourner le regard. Le récit est entrecoupée de légendes iraniennes, petits moments d’air frais bienvenues qui offre un autre regard sur le monde. Ne connaissant rien de la culture iranienne, j’ai aimé me plonger dans ces légendes et dans les anecdotes dispersées par l’auteur ici et là.

Difficile pour autant d’en dire plus, sans gâcher le plaisir de la surprise au potentiel futur lecteur. Si le titre laisse deviner que les histoires d’amours sont malheureuses, le roman a tout un autre univers à faire découvrir. Abnousse Shalmani est donc une auteure à suivre, et j’irai dès que j’en aurai l’occasion et le temps lire son premier roman (contrairement à ce que la quatrième de couverture annonce) : Khomeiny, Sade et moi.

Note : 5/5

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