Contes·Romans

Les sangs

Titre : Les sangs

Auteur : Audrée Wilhelmy

La quatrième de couverture :

Un manoir obscur et fascinant, dans une cité hors du temps. Celui qu’on appelle l’Ogre attire à lui des proies presque consentantes pour les aimer puis les tuer. Mais d’où viennent ces femmes ? Pourquoi se donnent-elles à lui ? Elles le racontent dans les carnets qu’elles laissent derrière elles et que Féléor assemble en un curieux livre – ses Sangs.
Mercredi, Constance, Abigaëlle, Frida, Phélie, Lottä, Marie : sept femmes, et autant d’expériences du désir et de la mort, sept écritures qui disent la féminité, le narcissisme, la soumission tantôt feinte, tantôt amusée.

Mon avis :

Un immense MERCI aux éditions Grasset et à l’équipe de Babelio grâce auxquels j’ai eu le grand plaisir de lire ce roman.

Quand j’ai vu découvert que ce roman était dans la dernière masse critique de Babelio, je n’y tenais plus. Il me le fallait absolument. Je ne vous raconte donc pas ma joie quand je l’ai reçu !

Les premiers chapitres m’ont un peu déstabilisée, car ce n’était pas du tout ce que je m’étais imaginé en lisant la quatrième de couverture. En effet, le titre recèle une dimension érotique et sadomasochiste assez inattendue. J’avais pensé à tout pour ce roman si ce n’est à l’aspect sexuel de la relation entre Barbe bleue et ses femmes. Pourtant, une fois ma surprise passée, j’ai été totalement séduite par ce titre que je me suis empressée de conseiller autour de moi et de prêter.

Via sept portraits de femmes très différentes tant par l’origine sociale, l’âge, l’expérience de la vie, l’aspect physique ou encore les motivations, Audrée Wilhelmy dresse le portrait d’une légende, celle du terrible « ogre » Barbe bleu. Un portrait complété par l’homme lui-même qui prend soin d’ajouter au récit de chacune de ses épouses, sa propre vision de la relation qu’il a entretenue avec elles.

Ce parallèle incessant entre les différentes versions délivre une intéressante vision du personnage qui fait que l’interprétation moderne du conte tient plus à la légende qu’au mythe. En effet, l’ogre du conte prend un aspect définitivement plus humain et là où le conte voyait une créature imaginaire, la légende décrit un psychopathe narcissique qui, poussé au meurtre par des épouses destructrices, tient peut-être plus de la victime inconsciente que du bourreau.

Si le trois/quart du livre est dédié aux « sangs » de Féléor, le lecteur ne peut cependant échapper au fait que c’est lui le héros du roman. Un héros qui évolue au fil de ses expériences amoureuses et dont la chute n’est que plus vertigineuse. J’ai particulièrement apprécié l’aspect psychologique de ce récit dont la fin est digne d’un feu d’artifice, [spoiler]car à la fin le héros sombre de l’histoire est dévoré par ses propres démons, ses sangs reviennent le hanter, et la mort de la petite Marie échappant au schéma habituel (un désir commun où petite mort et mort ne font qu’un, suivi d’un mariage, puis de plusieurs années de « jeux » qui mettent en valeur l’attente du moment fatidique) signe le basculement total dans la folie de Féléor.[/spoiler]

Ainsi naît la légende…

Note : 4.75/5

5

4 réflexions au sujet de « Les sangs »

    1. Hum… C’est vrai que cela reste plutôt spécial. Ce n’est pas du tout mon type de lecture à la base, alors j’ai été déroutée au départ, mais avec le recul, je ne regrette pas le moins du monde de lui avoir décerné un coup de coeur. C’est une version de l’histoire assez personnelle, et il ne faut pas hésiter à y revenir une fois la première surprise passée. 🙂

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