Romans

Les jumeaux de l’île rouge

Titre : Les jumeaux de l’île rouge

Auteur : Brigitte Peskine

La quatrième de couverture :

Cléa et Brice, des jumeaux nés à Madagascar, ont été adoptés par un couple de Français. Seize ans plus tard, si Brice semble bien dans sa peau, Cléa ne sait plus où elle en est : hostile, malheureuse, révoltée par le racisme dont elle se sent victime ; elle inquiète ses parents au point que ceux-ci décident, comme une dernière tentative pour l’aider à surmonter son mal-être, de l’envoyer avec son frère passer l’été au pays de sa naissance.

Mon avis :

J’aime beaucoup la couverture qui est assemblage métaphorique de l’histoire qu’on s’apprête à lire. Je regrette juste un peu le choix de la typographie qui fait très écolier et dont le X semble avoir été volé à une autre police de caractère. :S

Les jumeaux de l’île rouge est un roman semi-épistolaire construit à partir d’échanges de mail entre les différents personnages, de morceaux de journaux intimes et des commentaires de Cléa. Cette construction en fait un roman agréable et rapide à lire, car le lecteur est toujours au coeur de l’action et peut construire sa propre opinion sur les événements puisqu’il dispose sans cesse de plusieurs versions et visions.

Si le thème du roman initiatique manque d’originalité, l’auteur a su faire preuve d’imagination en choisissant un thème de fond moins répandu : le rejet des enfants nés de naissances multiples dans certaines régions de Madagascar. C’est un sujet dont je n’avais jamais entendu parler et qui est malheureusement encore d’actualité.

Il est traité de façon relativement réaliste, car le récit se finit vraiment bien au vu de la situation économique de la majeure partie des habitants de Madagascar. Fait que l’auteur évoque tout juste et parfois si furtivement qu’il faut savoir quoi chercher pour comprendre le non-dit. Par exemple, concernant une jeune fille de 16 ans qui a été mise enceinte par un homme chinois de plus du double de son âge, déjà marié et père, qui lui avait promis monts et merveilles, on pourrait presque croire à un cas isolé, pour autant il est clair qu’on parle là d’un fléau à Madagascar : le tourisme sexuel dont sont victimes de nombreuses adolescentes que des hommes peu scrupuleux achètent avec des babioles. Autre cas similaire, l’héroïne écrit à un moment que les filles de la côte sont connues pour être faciles et qu’elle craint d’être prise pour l’une d’elles et violée. Il faudrait peut-être plutôt dire que ce sont les premières victimes de ce tourisme sadique puisqu’elles sont là où se trouvent les touristes… Vive la plage ! Bref, je trouve cela dur de la part de l’auteur de mettre le mot « facile » dans la bouche de son héroïne. De mon point de vue, elles n’ont rien à voir avec des filles faciles ! Elles sont pauvres, très peu éduquées, naïves et souvent démunies, ce sont des victimes de choix pour tous les types de prédateurs sexuels qui seraient mis en prison s’ils agissaient ainsi dans nos contrées. Loin de moi, l’idée que l’auteur ait souhaité être laxiste sur certains points. Je pense juste qu’elle ne voulait pas choquer l’esprit des jeunes lecteurs. Pour autant, le choix des mots m’a paru parfois peu avisé.

Les personnages sont quant à eux profonds et réalistes que ce soit dans leur façon d’agir ou dans leurs caractères. Ils affrontent les événements chacun à leur façon et y font face différemment. Les parents adoptifs de Cléa et Brice sont d’ailleurs très désagréables avec leur côté pédant et presque intolérant. On ne peut pas dire que ce soit l’image de la France que je préfère…

Mon avis sur ce titre est donc assez mitigé. D’un côté un sujet intéressant et peu traité, une lecture simple et agréable, de l’autre, quelques maladresses sur lesquelles je ne parviens pas à passer l’éponge.

Note : 2.5/5

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